
Moyens de se débarrasser du syndrome du bâtiment malsain
Ces dernières années, une situation de plus en plus fréquente tant dans les logements que dans les lieux de travail, mais souvent non diagnostiquée, attire l’attention : le syndrome du bâtiment malsain (Sick Building Syndrome – SBS). Ce syndrome touche particulièrement les personnes vivant ou travaillant dans des bâtiments fermés et climatisés, provoquant des symptômes tels que maux de tête, fatigue, brûlures oculaires, toux, troubles de la concentration, symptômes qui diminuent lorsque l’on s’éloigne du bâtiment.
Qu’est-ce que le syndrome du bâtiment malsain ?
Le syndrome du bâtiment malsain est un syndrome défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il regroupe des problèmes de santé fréquents et temporaires observés chez les personnes présentes dans un bâtiment, sans cause physique ou biologique spécifique. Les symptômes typiques sont :
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Maux de tête
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Congestion nasale, écoulement nasal
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Sécheresse de la gorge
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Brûlures ou larmoiements des yeux
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Fatigue et troubles de la concentration
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Irritations cutanées
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Sensation d’essoufflement
Ces symptômes sont souvent confondus avec d’autres maladies. Toutefois, un point commun est la relation directe entre la durée passée dans le bâtiment et l’apparition des symptômes.
Causes : risques du point de vue technique
La majorité des causes du syndrome du bâtiment malsain provient de problèmes liés aux installations mécaniques et aux matériaux utilisés dans le bâtiment. Elles peuvent être résumées ainsi :
a) Ventilation insuffisante
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Le manque d’air frais entraîne une augmentation du CO₂ et une diminution de l’oxygène à l’intérieur.
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Selon la norme ASHRAE 62.1, il faut fournir au moins 8 à 10 L/s d’air frais par personne.
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En cas de recirculation à 100 % dans les systèmes de climatisation fermés, l’accumulation de composés organiques volatils (COV) augmente.
b) Filtration inadéquate
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Si les filtres à air sont insuffisants ou si l’entretien est négligé, poussières, pollens, particules microbiennes et allergènes pénètrent dans l’air intérieur.
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En particulier, les filtres G4 anciens ne retiennent que les particules grossières, laissant passer des particules fines nocives pour la santé comme le PM2,5.
c) Déséquilibre de l’humidité
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Une humidité excessive favorise la formation de moisissures, une humidité faible irrite les muqueuses.
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L’humidité relative doit être maintenue entre 40 % et 60 %.
d) Choix inapproprié des matériaux et du mobilier
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Les produits chimiques tels que le formaldéhyde provenant des matériaux de construction, peintures et colles dégradent la qualité de l’air intérieur.
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Les revêtements de sol en PVC, vernis à base de solvants et meubles en MDF de mauvaise qualité contribuent aux émissions de COV et au SBS.
Conséquences médicales
Une exposition prolongée au syndrome du bâtiment malsain peut entraîner des problèmes plus graves :
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Augmentation de la rhinite allergique et des crises d’asthme
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Sinusite chronique et migraines
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Effets psychologiques : anxiété, baisse de performance au travail
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Maladies de la peau et symptômes similaires à l’eczéma
Ainsi, ce syndrome n’est pas seulement un inconfort temporaire, mais un problème de santé publique multidisciplinaire qui menace à long terme la santé individuelle et la productivité.
Prévention du syndrome du bâtiment malsain
a) Systèmes CVC correctement conçus et entretenus
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Utilisation de filtres haute performance F7–F9.
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Apport continu d’air frais via des unités de récupération de chaleur (HRV/ERV).
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Surveillance de la qualité de l’air intérieur par des capteurs de CO₂ et ventilation à la demande (DCV).
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Entretien et nettoyage des systèmes CVC au moins deux fois par an.
b) Surveillance continue de la qualité de l’air intérieur
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Mesures périodiques de CO₂, COV, PM2,5, température et humidité.
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Suivi en temps réel possible avec des systèmes d’automatisation des bâtiments intelligents.
c) Mesures architecturales et matérielles
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Choix de matériaux de construction et de mobilier à faibles émissions de COV.
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Intégration de fenêtres ouvrantes pour la ventilation naturelle dans la conception architecturale.
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Utilisation de revêtements de sol faciles à nettoyer et à faible émission plutôt que des moquettes.
d) Aménagement ergonomique et hygiénique des espaces de travail
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Éviter la surpopulation dans les bureaux ouverts.
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Les systèmes de végétalisation intérieure peuvent réduire les toxines dans l’air.
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Diriger les sorties de climatisation pour ne pas souffler directement sur les personnes.
Réhabilitation en cas de syndrome du bâtiment malsain
Si le syndrome est observé dans un bâtiment existant, les actions suivantes peuvent être mises en œuvre :
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Analyse détaillée de la qualité de l’air intérieur.
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Révision des taux de filtration et d’air frais dans les systèmes CVC.
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Utilisation temporaire de purificateurs d’air mobiles (HEPA + filtre à charbon actif).
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Analyse des moisissures sur les plafonds et murs, isolation si nécessaire.
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Mise en place d’un système de signalement des plaintes et contrôles de santé réguliers pour les employés.
Réglementations et normes
Les normes suivantes peuvent guider la lutte contre le syndrome du bâtiment malsain :
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ASHRAE 62.1 : Ventilation pour la qualité de l’air intérieur
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TS EN 16798 : Performance énergétique et qualité de l’air intérieur dans les bâtiments
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WELL Building Standard : Certification internationale pour les bâtiments sains
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LEED v4 : Critères de qualité de l’air intérieur et choix des matériaux
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Règlement sur l’air intérieur des lieux de travail (Turquie) : Valeurs limites pour la qualité de l’air intérieur en sécurité au travail
Un bâtiment sain signifie des personnes en bonne santé
Il est scientifiquement prouvé que les systèmes CVC ne sont pas seulement des dispositifs de confort, mais des systèmes vitaux qui affectent directement la santé des personnes. Surtout dans les hôpitaux, écoles, bureaux ou hôtels, où l’occupation est prolongée, il est essentiel de considérer l’ingénierie et la santé humaine ensemble.
Les mesures contre le syndrome du bâtiment malsain améliorent non seulement le confort individuel, mais constituent également la base pour la santé publique, une main-d’œuvre productive et une vie durable. Le lien entre systèmes mécaniques et savoir médical façonnera les bâtiments sains de demain.
İlker KURAN
Alperen Mühendislik Ltd. Şti.